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Soutien aux démarches d’élaboration de trajectoires d’adaptation au changement climatique en Ile-de-France 2024 - 2025

La ressource en eau, un enjeu majeur de l’adaptation au changement climatique

 

Le présent Appel à Manifestation d’Intérêt s’inscrit pleinement dans cette dynamique régionale, ainsi que dans une coopération renforcée avec les partenaires présentés dans l'onglet Partenaires dans l’objectif de porter une attention particulière aux enjeux liés à la ressource en eau sur le territoire régional.

 

Les enjeux majeurs et transversaux pour le territoire francilien présentés ci-après sont issus en partie de l’étude de l’Institut Paris Région : VULNERABILITÉS DE L’ÎLE-DE-FRANCE AUX EFFETS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE réalisée pour les besoins de l’élaboration du Plan régional d’adaptation au changement climatique adopté par la Région Île-de-France en septembre 2022.

 

De nombreux travaux scientifiques réalisés à ce jour portant sur le changement climatique et ses impacts, malgré les incertitudes liées aux modélisations, présentent des tendances robustes pour :

  • l’augmentation des températures et de l’évapotranspiration, la diminution de l’enneigement qui sont des paramètres de raréfaction de la ressource en eau ;
  • les tensions en période d’étiage s’aggraveraient fortement : la gestion quantitative par la maîtrise de la demande en eau devrait certainement prendre une importance croissante ;
  • le lien entre quantité et qualité de la ressource apparaît comme renforcé et la question des rejets, de fait, renouvelée.

 

La prise en compte des changements globaux impose d’intégrer « la cascade des conséquences » et le caractère rétroactif des phénomènes naturels et anthropiques (résilience des systèmes naturels et adaptation des acteurs). Vu l’ampleur des pressions attendues, un simple ajustement des activités humaines et des modes de vie actuels paraît insuffisant. Dans le domaine de l’eau pour notre bassin, particulièrement impacté, il est nécessaire de réfléchir à des pistes d’adaptation plus fondamentales pour l’avenir.

Du fait de ces évolutions, la politique de l’eau doit évoluer vers une gestion plus adaptative de la ressource et des usages privilégiant des solutions à la fois flexibles et robustes.

Les enjeux de l’eau sont un élément essentiel de la vulnérabilité d’un territoire au changement climatique afin d’être en capacité de s’adapter face au changement climatique :

  • vivre avec moins d’eau dans les rivières et cours d’eau franciliens et faire face à des sécheresses plus fréquentes ;
  • réduire les pollutions pour disposer d’une eau de qualité ;
  • accompagner l’évolution de la biodiversité soumise à un climat plus chaud et plus sec ;
  • réduire les impacts des évènements extrêmes comme les inondations.

Les îlots de chaleur Urbain

 

L’Île-de-France a été particulièrement impactée par la canicule exceptionnelle de 2003 avec des taux de surmortalité bien au-dessus de la moyenne française : plus de 200 % de décès en excès enregistrés à Paris et en petite couronne, avec un record (+219 %) pour le Val-de-Marne. Or, les tendances récentes et les éléments de prospective concernant les vagues de chaleur sont inquiétants. La mortalité en France associée aux vagues de chaleur entre 2014 et 2019 (5 500 décès en 5 ans) est déjà supérieure à celle observée entre 2004 et 2013.
 
 

La surexposition aux températures élevées due à l’ICU - vivre dans un quartier plus chaud (dans un micro ICU ou MICU, en contraste avec des îlots de fraîcheur) - augmente a priori le risque de décès pendant les vagues de chaleur, comme à Paris, où la mortalité dans les quartiers les plus exposés en 2003 aux fortes chaleurs était le double de celle observée dans les quartiers les moins exposés. Une récente étude montre que les caractéristiques urbaines contribuant à l’ICU - surface artificialisée non-végétalisée, couvert non-arboré, taux d’imperméabilisation - sont associées à un risque plus élevé de décès lié à la chaleur. En Ile-de-France, une personne sur deux résiderait dans un quartier soumis potentiellement à un effet moyen à fort d’ICU, et 73 % de la population concernée dans l’ensemble du territoire de la Métropole du Grand Paris (MGP).

En termes de vulnérabilité aux vagues de chaleur, d’autres composantes interviennent au-delà de l’aléa amplifié par l’effet d’ICU : la sensibilité et les capacités à faire face. Sont notamment à considérer l’âge des personnes (plus de 65 ans et enfants en bas âge), la performance d’isolation des logements ou l'exposition à l’ozone, les difficultés à faire face, qu’elles soient individuelles (faibles revenus, précarité énergétique, isolement), collectives ou territoriales (système sanitaire, accessibilité aux espaces verts publics). Si la Métropole du Grand Paris reste globalement le territoire qui présente les secteurs de vulnérabilités les plus forts (pour l’ensemble des indicateurs sociodémographiques utilisés), on observe des vulnérabilités localement fortes y compris dans des quartiers de grande couronne.

L’inconfort thermique dans les bâtiments et les espaces publics est, en prolongement, un enjeu plus global de transformation structurelle du cadre de vie, à l’intérieur des bâtiments privés ou publics, des équipements recevant du public et dans l’espace public. Si les impacts directs sur la santé liés aux évolutions de fréquence des vagues de chaleur sont déjà pour partie objectivables, les effets indirects à travers la modification des organisations humaines (santé au travail, fatigue, stress, santé mentale, etc.) sont plus difficiles à apprécier dans leur globalité.

Les enjeux de confort d’été pour les bâtiments sont devenus importants, rejoignant la problématique d’ensemble de la rénovation énergétique des parcs résidentiels et tertiaires franciliens. Les besoins en froid augmentent pour rafraîchir ou maintenir à température constante les biens et les personnes pour des raisons sanitaires, commerciales, industrielles, d’amélioration de la productivité ou de confort. Or les systèmes de refroidissement actuels, beaucoup plus répandus pour les bâtiments tertiaires que dans l’habitat, sont davantage des systèmes individuels « secs », qui rejettent de l’air chaud dans la rue.

Agriculture Urbaine

 

L’agriculture francilienne (la moitié de l’occupation du sol régional en superficie) qui dépend des conditions météorologiques, de la ressource en eau et qui se fonde sur le vivant, mérite une attention toute particulière en raison des nombreuses attentes qu’elle suscite et à l’inverse des pressions qu’elle subit (notamment foncières en lien avec le développement urbain) et, de manière pressante, pour sa vulnérabilité potentielle aux effets du changement climatique.
 
 
En premier lieu, l’altération des rendements par la sécheresse (stress hydrique), les vagues de chaleur (stress thermique) et l’ozone (effets oxydants) tend à se répéter dans cette dernière décennie et les éléments de prospective (vague de chaleur et sécheresse) réinterrogent la vulnérabilité potentielle de l’agriculture francilienne. Si historiquement le bassin Seine-Normandie a connu peu de situations de sécheresse, des zones de tensions existent. Les arrêtés sécheresses sont de plus en plus récurrents (répétition de ces événements : 2003, 2009, 2018, 2019, 2020 et 2022) et les sécheresses devraient s’intensifier. En cas de sécheresse « normale », les grandes cultures franciliennes subissaient des baisses de rendement relativement faibles par rapport à d’autres régions. La sécheresse de l’été 2020 a révélé le très fort impact possible en Île-de-France en ébranlant beaucoup d’agriculteurs déjà fragilisés, tant les exploitations de grandes cultures en blé, orge, cultures protéagineuses et colza (hétérogénéité de levée des semis, chutes de rendements, pertes de récoltes, abandon ou régression de certaines cultures) que les éleveurs (prairies brûlées, manque de fourrage).

L’agriculture francilienne pourrait donc être marquée par l’augmentation tendancielle, avec le changement climatique, de l’évapotranspiration et en conséquence d’une diminution des volumes d’eau naturellement disponibles (aggravation de la sécheresse des sol), et une possible demande croissante d’irrigation.

Tous ces épisodes climatiques sont de nature à affecter les rendements et les capacités de production de l’ensemble des systèmes de production franciliens. Or, les récentes crises sanitaires, géopolitiques ou climatiques, nous rappellent le caractère stratégique du maintien et du développement d’une production agricole et alimentaire sur le territoire francilien.

Aujourd’hui, les surfaces agricoles représentent près de 50 % du territoire, mises en valeur par près de 4500 exploitations. Si une majorité de celles-ci est orientée vers les grandes cultures, il est à noter le rôle alimentaire de premier plan que cela représente, notamment en matière de blé, de pain, de colza et d’orge mais aussi pour les cultures spécialisées et l’élevage. La crise sanitaire, liée à l'épidémie Covid-19, a remis en lumière la mission nourricière de l'agriculture francilienne, et avait déjà fait émerger la nécessité de relocaliser la production et la transformation agricole et alimentaire francilienne, passant par une action volontariste pour encourager la diversification et le développement des circuits courts. Cela constitue, en effet, également face aux conséquences du changement climatique, un levier de résilience et d’adaptation des exploitations et du territoire.

Biodiversité

 

De même, il a paru essentiel d’attirer votre attention sur les solutions d’adaptation fondées sur la nature qui s’avèrent souvent efficaces, moins coûteuses et porteuses de multiples co bénéfices.
 
  

La biodiversité désigne l’ensemble des écosystèmes et des espèces animales et végétales ainsi que les interactions entre ces différentes composantes. L’être humain est dépendant de la biodiversité de manière directe et indirecte : lorsqu’elle est en bonne santé, elle rend à l’être humain de nombreux services dits « écosystémiques ». Ceux-ci désignent des services rendus par la nature qui permettent de faire fonctionner notre société, triés selon trois catégories : - les services de support et de régulation qui permettent aux écosystèmes de fonctionner et d’être résilients face aux perturbations (stockage de carbone, adaptation au changement climatique, etc.) ; - les services d’approvisionnement qui fournissent des ressources (bois, pollinisation, etc.) ; - les services culturels (par exemple bien-être, santé, etc.). La biodiversité et les écosystèmes ne seront résilients au changement climatique et, par extension, ne rendront leurs services qu’à la condition d’être fonctionnels, c’est-à-dire qu’aucun élément de ces équilibres ne soit perturbé par des facteurs non naturels (pollution, urbanisation, agriculture intensive, etc.)

Bien qu’elle soit fortement urbanisée, l’Île-de-France présente un certain nombre de milieux naturels remarquables, notamment des espaces forestiers (dont 33 % sont des forêts publiques) dont les grands massifs (Fontainebleau, Rambouillet, Sénart, Arc boisé). Les chênaies (chênes pédonculé et sessile) représentent 60 % de la forêt en Île-de-France, ce qui fait du chêne la première essence francilienne. La biodiversité se porte mieux en forêt qu’ailleurs et sert de refuge pour une faune très variée notamment les cervidés, les chauves-souris, les amphibiens, etc. Ainsi, 38 % des forêts franciliennes sont des réservoirs de biodiversité identifiés dans le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE) qui représentent 66 % des réservoirs d’Île-de-France. En outre, 57 % des forêts sont classées Natura 2000. On trouve aussi des milieux rares comme les zones humides avec notamment 800 ha de prairies humides riches en biodiversité. Enfin, 2000 ha d’anciens pâturages sur sols pauvres, comme les pelouses calcicoles, accueillent plus d’un tiers des plantes menacées de la Région

Or, en Île-de-France, le déclin et l’homogénéisation de la biodiversité se poursuit, dans tous les milieux et pour de nombreux cortèges d’espèces. C’est pourquoi il est essentiel de protéger les espaces de nature et d’accélérer la dynamique de reconquête de la biodiversité pour assurer d’une part la résilience des écosystèmes au changement climatique, et d’autre part, la résilience du territoire francilien qui dépend de la santé de sa biodiversité.

Santé

 

Le changement climatique modifie, directement ou indirectement, les conditions permettant d’assurer le bon état de santé des populations, qui s’entend ici comme un état de complet bien-être physique, mental et social, et pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité.
 
 

Les conséquences du changement climatique peuvent être classées en trois grandes catégories :

- les impacts directs sur la santé liés aux évolutions de fréquence des évènements climatiques extrêmes (vagues de chaleur, sécheresses, inondations, tempêtes, etc.) ;

- les effets indirects sur la santé à travers la modification de l’environnement et des écosystèmes (accroissement des effets de la pollution, apparition et émergence de maladies vectorielles, exposition aux pollens allergisants, risque hydrique, etc.) ;

- les effets indirects sur la santé à travers la modification des organisations humaines (santé au travail, accès aux biens et services, déplacements de population, stress, santé mentale, etc.).

La santé des populations constitue ainsi un enjeu majeur des politiques d’adaptation au changement climatique. Tous les publics peuvent être affectés par le changement climatique, mais les effets sur la santé dépendent aussi en grande partie des vulnérabilités individuelles (âge, problèmes de santé préexistants, facteurs socio-économiques), des caractéristiques de l’habitat et du cadre de vie (y compris au travail), de la capacité des personnes à s’adapter en lien avec des facteurs écologiques, sociaux, économiques, culturels, incluant l’éducation et l’accès au système de santé. Les facteurs sociaux se combinent et interagissent avec les inégalités d’expositions environnementales : les groupes socio-économiquement défavorisés sont souvent à la fois plus exposés à des nuisances et pollutions, et plus vulnérables aux effets sanitaires qui en résultent. L’étude du lien entre l’état de santé et de l’environnement face au changement climatique permet d’interpréter le cumul des facteurs sociaux et environnementaux sur un territoire pour identifier et hiérarchiser les actions de santé publique.

Le risque lié au retrait-gonflement des argiles (RGA)

 

Une carte nationale des risques RGA a été publiée et est disponible sur le site Géorisques8. Depuis le 1er janvier 2020, la réalisation d’une étude géotechnique préalable doit notamment être annexée au titre de propriété pour toute vente de terrain non bâti ;
 

 

Le RGA s’applique aux sols argileux. Ces derniers sont amenés à voir leur volume et leur consistance varier en fonction de leur teneur en eau. Cette propriété est liée à leur structure en feuillets sur la surface desquels les molécules d’eau vont se fixer. Lorsqu’un sol argileux s’humidifie, il est souple et malléable, et son volume augmente, on parle de « gonflement ».

Quand l’argile s’assèche, il devient cassant et dur, et son volume diminue : on parle alors de « retrait ». Tous les types d’argile ne répondent pas de la même façon aux variations d’humidité. Certains verront leur volume varier plus que d’autres, en fonction de leur structure interne, des minéraux en présence, de la teneur en eau initiale du sol. Le volume des sols argileux varie donc en fonction du degré d’humidité. L’alternance entre sécheresse et réhydratation entraîne des mouvements de terrain différentiels, notamment entre les différents horizons du sol, et peut générer des dommages sur le bâti et les infrastructures routières.

Etant donné la nature géologique de son sol, l’Île-de-France fait partie des territoires les plus exposés au risque de RGA (risque relativement diffus sur tout le territoire francilien). Si les conditions climatiques (sécheresse, forte évaporation, fortes précipitations) sont un facteur déclencheur, d’autres éléments rentrent en considération, notamment les méthodes et la qualité de construction des maisons individuelles (type de bâti particulièrement exposé en raison de la profondeur des fondations).

Le climat d’Île-de-France étant tempéré, les sols sont plutôt hydratés grâce aux précipitations fréquentes. Les mouvements des sols argileux les plus importants sont observés en période sèche. Ce sont principalement les deux premiers mètres du sol qui sont concernés par le phénomène. Dans le cas d’une importante sécheresse, les cinq premiers mètres peuvent être touchés. Au regard des projections sur les sécheresses, il est à penser que le risque de RGA pourrait s’intensifier