Défi universitaire francilien "Stratégies de sobriété systémiques"
Collectivités locales, entreprises d'Ile-de-France : partagez-nous vos problématiques de sobriété pour renforcer votre soutenabilité et votre résilience. Nous vous aiderons à concevoir une stratégie efficace au travers d'un défi universitaire mobilisant des équipes d'étudiants volontaires !
La sobriété en bref
Dans un contexte où les limites et seuils écologiques planétaires sont dépassées, la sobriété est une démarche indispensable consistant à questionner les besoins individuels et collectifs pour y répondre en respectant le vivant et les ressources finies. Il s’agit de réduire les consommations d’énergie, de matière et les émissions de gaz à effet de serre, tout en gardant un objectif d’équité et d’intérêt général.
Pour cela il est nécessaire d’opérer des changements de politiques publiques, d’organisation, des modes de production et de consommation et plus globalement de pratiques individuelles et collectives.
La sobriété est complémentaire à une démarche d’efficacité qui ne peut répondre à elle seule aux enjeux cités.
(*) Astuce "sobriété" et "efficacité-temps" : paramétrer la vidéo en basse résolution et en vitesse de lecture accélérée jusqu'à x2 ! ;-)
Pourquoi l’efficacité ne suffit pas ?
L’efficacité peut en effet générer des effets systémiques dits "rebond" ou "transferts d’impact". L’exemple dans le secteur du transport ci-dessous montre que les gains d’efficacité par le progrès technique sont annihilés par des pratiques peu sobres liées notamment à l'étalement urbain du modèle concentrationnaire des métropoles, au manque d'alternatives à la voiture et à l'autosolisme et conduisant à une stagnation voire une augmentation des émissions de gaz à effet de serre (Sources : CGDD/SDES, 2022 - Bertrand Gaillet) :
Illustration par la théorie du Donut
L’image du « Donut » de l’économiste britannique Kate Raworth est très parlante pour visualiser l’objectif de la sobriété.
Elle a pour but d’entrer ou se maintenir dans l’espace vert clair dit « juste et sûr pour l’humanité ».
Il est caractérisé par un plancher social en dessous duquel on parle de privation ou de précarité et par un plafond environnemental au-dessus duquel nos pratiques individuelles et collectives ne sont plus soutenables.
La sobriété à l’échelle d’une société vise à converger vers cet espace équitable et sûr.
Sobriété et équité sociale
Aujourd'hui, les inégalités sont présentes à travers le monde et vont s'accentuer notamment avec le changement climatique. La sobriété peut s’avérer un moyen de contribuer à réduire ces inégalités.
En se centrant sur la satisfaction des besoins essentiels, une démarche de sobriété permet de contribuer à un partage plus équitable des ressources et des efforts. Au regard des différences de contributions aux émissions de GES et aux consommations de ressources, mais également des marges de manœuvre plus réduite de la part des populations qui ont des budgets plus contraints, il convient de faire contribuer chacun en fonction de ses contraintes et moyens.
« La répartition des efforts doit donc être progressive sur l’ensemble du spectre social, les capacités contributives de chacun étant mobilisées de façon croissante en fonction des revenus et des patrimoines ». (cf avis ADEME « La transition juste », avril 2024).
Les politiques publiques doivent avant tout prendre en compte ces inégalités dans la mise en œuvre de leurs démarches et l’État doit être garant de cette équité. Il en va non seulement de l’efficacité des actions et des résultats, mais aussi de leur désirabilité par la société.
Transparence et enjeux démocratiques
La transparence est une condition nécessaire qui installe la confiance et facilite l’engagement dans une démarche de sobriété.
Elle peut se matérialiser de plusieurs manières : dans la gouvernance des projets, à travers leur coconstruction et à travers l’information et le dialogue. Afficher les objectifs, les conditions de mise en œuvre, les impacts individuels ou collectifs et les résultats attendus (ou atteints) des projets sont cruciaux pour obtenir de l’adhésion.
Individuellement chacun définit ses besoins et ajuste son mode de vie en fonction de ses contraintes.
Collectivement, les niveaux de sobriété et leurs mises en œuvre doivent être délibérés et tranchés démocratiquement.
4 manières d'intégrer des démarches de sobriété
Plusieurs démarches sont possibles pour intégrer davantage de sobriété dans les pratiques individuelles et collectives, les choix de consommation et les organisations. Pour faciliter l’identification de pratiques de sobriétés, il est proposé 4 catégories :
- « Sobriété des usages »: modérer l’utilisation d’une ressource, d’un bien ou d’un service
Exemples : baisse de la température de consigne des logements (18°C dans les pièces à vivre, 16°C dans les chambres), extinction des veilles, limitation des vitesses sur la route, extension de la durée de vie des équipements, recyclage des friches pour réindustrialiser, retrofit (ou remanufacture) industriel
- « Sobriété structurelle ou organisationnelle » : restructurer ou réorganiser les activités dans l’espace et le temps, pour créer les conditions d’une modération de la consommation
Exemples : aménagement du territoire en vue de réduire les distances à parcourir pour les déplacements quotidiens (travail, courses, loisirs, etc.), remise sur le marché d’espaces vacants, densification des tissus existants
- « Sobriété dimensionnelle »: mieux dimensionner les biens et services à ses besoins
Exemples : utilisation de véhicules adaptés en poids, volume et puissance aux usages de déplacement, mise en place de parcours résidentiels adaptant la taille des logements à celle des ménages
- « Sobriété coopérative ou conviviale »: mutualiser la consommation ou l’utilisation des ressources, biens et services
Exemples : autopartage, cohabitation dans les logements ou les espaces de travail ou bâtiments multi-usages ou multifonctions, mise en commun des moyens de production dans une logique d’écologie industrielle et territoriale
Par ailleurs, ces quatre démarches ont en commun la nécessité de repenser son rapport au temps et à l’espace et sont applicables aux particuliers comme aux collectivités locales et aux entreprises.
Elles ne sont pas exclusives l’une de l’autre : elles gagnent au contraire à se combiner, selon une approche systémique.
Ils l'ont fait ! Quelques retours d'expérience de démarches de sobriété menées par des collectivités locales